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À seulement 36 ans, Christophe Lalande dirige depuis quatre ans le département du logement à ONU-Habitat. Cet organe de l’Organisation des Nations Unies a pour mandat de conseiller les pays dans la mise en œuvre de leurs politiques en matière de logement. M. Lalande agira à titre de conférencier principal à l’occasion du 10e Rendez-vous de l’habitation, qui aura lieu le 14 novembre prochain à Québec.
Joint au début de juin par téléphone à Nairobi, au Kenya, où il est en poste, Christophe Lalande était tout juste de retour de l’île de la Réunion, où il avait prononcé l’allocution de clôture lors d’une conférence des pays francophones sur le logement social. Plus tôt en mai, il était à Madrid, en Espagne, pour participer à une autre conférence, portant cette fois sur le financement des politiques du logement. « Ce fut un mois de mai très chargé! », lance le Parisien d’origine qui coordonne toutes les activités liées au logement à ONU-Habitat.
« Dans ce genre de rencontres, on compte beaucoup sur les experts des pays développés pour venir présenter leurs programmes qui ont connu du succès en matière de logement. C’est souvent très utile à ceux des pays moins développés. »
Répondre aux besoins de toutes les clientèles
À titre de chef de la Housing Unit, M. Lalande conseille également les pays qui en font la demande dans la mise en œuvre de leurs programmes ou de leurs politiques en matière de logement. L’objectif est de soutenir les gouvernements afin que les programmes répondent aux besoins sociaux de toutes les clientèles : autochtones, personnes handicapées, migrants, femmes, etc., explique Christophe Lalande : « On constate assez souvent, dans plusieurs pays, que les politiques ou les programmes existants sont très généraux et qu’ils ne prennent pas assez en considération la diversité des besoins. Mon rôle est donc de fournir un soutien dans la formulation des politiques, mais également un appui technique pour leur concrétisation. »
Le département du logement d’ONU-Habitat agit sur quatre fronts : droits humains et droit au logement; construction durable dans les pays en développement; financement des politiques du logement; et soutien aux groupes vulnérables en matière de logement.
« Le cœur de notre travail concerne le droit au logement dans des contextes d’extrême pauvreté urbaine et des bidonvilles, comme au Brésil ou en Inde, mais aussi dans les pays développés, avec le logement social. Nous intervenons aussi après des crises, des conflits ou des désastres naturels », précise M. Lalande.
La plupart des interventions du département du logement sont concentrées en Afrique, en Amérique latine et en Asie. « Nous intervenons beaucoup moins dans les pays européens, sauf dans les cas particuliers, comme la récente crise des réfugiés syriens. Notre rôle est alors de conseiller les gouvernements sur les façons de mettre en place des plans pour bien répondre aux besoins en logement des nouveaux arrivants. »
En poste à ONU-Habitat depuis 10 ans, Christophe Lalande avait au départ un autre plan de carrière. Diplômé de la prestigieuse université SciencesPo, de Paris, où il a obtenu un DEA (maîtrise) en politiques publiques, celui qui est aujourd’hui un spécialiste des enjeux en habitation s’intéressait au départ à l’UNESCO. « J’avais très envie de travailler là-bas parce que les questions du patrimoine m’intéressaient. »
Il se retrouve finalement en Équateur, en 2004, pour y faire un stage sur les enjeux de transport urbain. « C’est là que j’ai rencontré des gens d’ONU-Habitat qui m’ont proposé de les rejoindre à Nairobi. Après un stage, j’ai obtenu un premier contrat de deux ans, au départ pour travailler sur des enjeux de gouvernance locale. »
Ma maison, ma vie
Au cours des dernières années, M. Lalande a travaillé en étroite collaboration avec des pays comme l’Iran ou le Brésil, qui ont mis sur pied d’ambitieux programmes de logements sociaux. « Le gouvernement iranien nous sollicite, car il veut savoir s’il est sur la bonne route. Ces grands programmes sont complexes et coûtent très cher à financer. »
De son côté, le gouvernement brésilien a lancé, il y a cinq ans, le programme de construction de logements sociaux Ma maison, ma vie. « C’est un programme gigantesque, qui couvre tout le pays et où ce sont les villes qui sont chargées de déterminer les objectifs du programme. Un des grands défis est de reloger les gens des bidonvilles, sans détruire le tissu communautaire. On a donc opté pour l’approche participative et on a relogé les gens en groupes. »
Un aspect original du programme, continue M. Lalande, est que ses bénéficiaires obtiendront éventuellement un titre de propriété. Un moyen d’améliorer les conditions de vie et de réduire la pauvreté des familles pour plusieurs années : « Les locataires qui signent un bail et payent leur loyer durant plusieurs années deviendront propriétaires de leur logement. Les parents pourront ensuite le léguer à leurs enfants. »
Un aussi vaste chantier a également eu des effets très bénéfiques sur l’économie du pays, ajoute M. Lalande.
Le contexte propre à ces deux grands pays, de niveau de développement comparable, nécessitait de lancer de grands chantiers de construction de logements sociaux. Ce qui n’est pas le cas partout : en effet, le débat qui se poursuit au Québec pour savoir si l’on doit construire de nouveaux logements ou aider directement les personnes a lieu dans plusieurs pays, explique M. Lalande. « Ça dépend toujours des contextes. Ce n’est jamais simple; il n’y a pas de solution toute faite. »
Habitat III
Du 17 au 20 octobre prochain, Christophe Lalande sera à Quito, en Équateur, pour participer à Habitat III, la conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable. Cette conférence vicennale avait eu lieu à Vancouver en 1976 (Habitat I) et à Istanbul, en Turquie, en 1996 (Habitat II).
Habitat III sera l’occasion pour les gouvernements de tous les pays d’échanger sur les stratégies à adopter pour définir un nouvel ordre du jour urbain. « L’idée qui guidera les travaux et les réflexions sera de remettre le logement au cœur du développement urbain. On ne doit plus simplement construire des logements ici et là sans trop réfléchir, mais repenser tout le développement des villes en replaçant le logement et les droits humains au centre », explique M. Lalande.
Pour atteindre cet objectif, les efforts coordonnés des gouvernements de tous les pays, aux échelons locaux et nationaux, seront nécessaires. « On se rend compte de plus en plus que le logement est un élément important des politiques sociales. Mais certains pays ne le réalisent pas toujours. L’expérience nous enseigne que lorsque l’on a de bonnes politiques publiques, qui accordent une place centrale à la question du logement, cela favorise le développement social et économique ainsi que la santé des populations », conclut Christophe Lalande.
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